Féminisme radical

Le féminisme radical est un courant du féminisme qui apparaît à la fin des années 1960 et qui voit en l'oppression des femmes au bénéfice des hommes le fondement du dispositif de pouvoir sur lequel les relations humaines dans la société sont organisées.



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Le féminisme radical est un courant du féminisme qui apparaît à la fin des années 1960 et qui voit en l'oppression des femmes au bénéfice des hommes (ou patriarcat) le fondement du dispositif de pouvoir sur lequel les relations humaines dans la société sont organisées.

Le féminisme radical se démarque des mouvements féministes qui visent à le perfectionnement de la condition féminine par des aménagements de législation (réformisme) sans mettre en cause le dispositif patriarcal, quoique certaines féministes radicales (Catharine MacKinnon et Andrea Dworkin) aient exactement centrées leur lutte sur des réformes législatives.

Avec d'autres, ce courant cherche à contester le modèle réformiste en rejetant les rôles sexuels archétypaux et en critiquant l'essentialisme, qui naturalise le rôle social de la femme en en faisant une donnée biologique, propre à sa constitution sexuelle. Il accompagne la libération sexuelle et le mouvement de libération des femmes aux États-Unis, en Angleterre, au Canada et en France.

Le terme «féminisme radical» regroupe néanmoins des militantes ayant des positions variées, ou alors antagonistes. Ainsi, Monique Wittig, proche du féminisme matérialiste et ex-membre des Gouines rouges, ou Valerie Solanas, auteur de SCUM Manifesto, sont des représentantes du féminisme lesbien, qui vont jusqu'à prôner le séparatisme des sexes; Shulamith Firestone prône l'usage de la technologie moderne (fécondation in vitro, contraception, avortement, etc. ) pour libérer la femme des contraintes liées à la maternité; Catharine MacKinnon et Andrea Dworkin se sont attaquées à la pornographie, qu'elles accusent d'être une «chosification» de la femme et qu'elles ont voulue interdire, suscitant ainsi des débats avec Judith Butler, représentante du mouvement queer et auteur de Trouble dans le genre.

Le terme «militant féministe» est un terme tenu pour péjoratif [citation nécessaire], fréquemment associé avec le féminisme radical. Les critiques du féminisme radical en font une forme de communautarisme identitaire. Ce qui est perçu comme tel est en fait une option politique prise par les militants des droits civiques noirs américains lorsqu'il s se sont rendu compte que leurs revendications étaient trahies et détournées par leurs comilitants blancs néenmoins bien intentionnés. Ils ont fait le choix de la non mixité de la lutte en insistant sur les différences de points de vue (allant jusqu'à une théorisation d'une différence épistémologique dans les perspectives d'analyse sociale) considérant radicalement l'antagonisme de classe qu'il existe entre les individus des deux bords de la lutte. Ce point de vue est spécifiquement bien représenté par le Black feminism, qui opère la jonction entre le féminisme radical et la lutte pour les droits civiques.

Le terme remonte au moins à 1969 avec l'apparition du FLFQ (Front de libération des femmes du Québec) [1].

Spécificité

Dans la mouvance du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, le féminisme radical poursuit la critique de la domination masculine et des rôles féminins, à travers une critique du patriarcat et une remise en cause des contraintes liées au genre. Ce courant a contribué à renouveler l'analyse de la domination masculine en sociologie, dans le droit et en théorie politique. Il a mis en évidence le caractère sexiste de la société, tout en proposant des moyens d'y lutter. La ségrégation sociale selon les sexes est vue non pas comme un fait de nature mais comme un fait politique dans la mesure où elle sert une division du travail qui n'a rien de naturaliste. Le féminisme radical rejette ainsi une vision essentialiste de la femme.

L'institution du mariage est fréquemment vue comme la pérennisation des inégalités (non-rétribution du travail de l'épouse, services sexuels, répartition sexuée des tâches…). Certaines féministes radicales, telles Shulamith Firestone, militaient ainsi en faveur de l'amour libre et de la libre expression sexuelle.

Influencé par le mouvement des droits civiques et surtout par l'influence du Black power, le féminisme radical valorise la solidarité entre femmes et les réunions et groupes non-mixtes. Il peut aller jusqu'au séparatisme, au sein de communautés de femmes quelquefois lesbiennes issu de la théorisation radicale de Monique Wittig.

Rapport avec le marxisme

Les féministes radicales utilisent le concept marxiste d'oppression, qui veut dire que le lien social est organisé de manière centrale par un rapport d'exploitation, c'est-à-dire d'appropriation de la force de travail du subalterne par le dominant (exploitation au sens capitaliste) ou alors d'appropriation du subalterne comme unité de productrice de force de travail (esclavage). Néanmoins, les féministes radicales rejettent le privilège donné à la lutte des classes par le marxisme, soulignant l'importance des inégalités de genre, y compris dans la sphère de la production.

Rapport avec la religion

Le féminisme radical est fréquemment antireligieux étant donné qu'il rejette ce qui lui semble être le patriarcat. Par contre, il y existe des groupes de féministes radicales qui prônent le néopaganisme, la sorcellerie, le culte de Diane, Isis et Lilith, etc.

Positions concernant les agressions sexuelles et la représentation de la femme

Les féministes radicales ont dénoncées le viol et les agressions sexuelles, mais certaines (en particulier Catharine MacKinnon et Andrea Dworkin) sont allées plus loin en critiquant la prostitution, la pornographie et des formes de sexualité vues comme dégradantes, telles que le sado-masochisme. Cette dénonciation ne se veut pas puritaine, mais consciente de l'enjeu politique des représentations de la «sexualité» dans un patriarcat.

Selon Catharine MacKinnon (Le Féminisme irréductible), la pornographie est ainsi une représentation de la chosification et de l'humiliation des femmes dont procède la sexualité patriarcale. Avec Andrea Dworkin, elle a proposé les lois sur le harcèlement sexuel, sanctionnant ainsi le contexte de sexualisation auquel sont soumises les femmes pour les contrôler et les briser mentalement.

C'est en cela qu'elles se heurtent avec les tenantes du "féminisme pro-sexe", issu des milieux queers, telles Christine Delphy (Classer, dominer, Qui sont les "autres" ?) et Elsa Dorlin (Autopsie du sexe), qui y voit une stygmatisation supplémentaire contre les femmes "sex-workers" basée sur l'indignation morale issue des valeurs religieuses judéo-chrétiennes et une tentative supplémentaire de normalisation de la sexualité, en condamnant celles "déviant du droit chemin", sous couvert de lutte contre le patriarcat.

Féminisme radical et mouvement queer

Le féminisme radical s'est nourri de l'apport de nombreuses intellectuelles. Il a aussi influencé en France le féminisme matérialiste de la revue française Questions féministes , qui est en partie à l'origine du mouvement queer. Au Québec, il a insufflé la revue Amazones d'Hier, Lesbiennes d'Aujourd'hui. Les féministes radicales reprochent le plus souvent aux théoriciennes queer d'avoir repris leur constructivisme social en le vidant de son engagement féministe.

Critiques du féminisme radical

Le féminisme radical est critiqué, avec divers arguments, par Élisabeth Badinter dans Fausse route, par Paul-Edmond Lalancette dans La indispensable compréhension entre les sexes, par Jean-Philippe Trottier dans Le grand mensonge du féminisme, par Hélène Vecchiali dans Ainsi soit-il. Sans de vrais hommes, point de vraies femmes, par Jean Gabard dans Le féminisme et ses dérives, Du mâle dominant au père contesté...

Des féministes «pro-sexe» (Elsa Dorlin) ont fréquemment critiqué l'intolérance présumée de certaines féministes radicales (Isabelle Alonso, Suzanne Képès, Marie-Victoire Louis) en ce qui concernerait la sexualité («pornographie féministe» [citation nécessaire], féminité masculine des lesbiennes butches, BDSM…).

Les critiques marxistes du féminisme radical considèrent que la production et l'économie forment la dynamique centrale de la société moderne, génératrice de booms, de crises, de guerres etc. et accuse le féminisme radical de ne pas prendre compte pleinement de cela.

Principales représentantes

Le féminisme radical étant un courant influent mais assez informel, sont citées autant des féministes l'ayant théorisé que de grandes influences ou des féministes qui en sont spécifiquement redevables.

Dans le monde anglo-saxon

Dans le monde francophone

Dans le monde hispanophone

Bibliographie

deuxième édition augmentée

Références et notes

  1. Élaine Audet, «Chroniques plurielles des luttes féministes au Québec», 27 novembre 2003.

Voir aussi

Liens externes

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