Queer

Queer est, à la base, un mot anglais signifiant «étrange», «peu commun», fréquemment utilisé comme injure envers des individus gays, lesbiennes, transsexuels … Par ironie...



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LGBT - Genre sexuel - Sous-culture - Féminisme - Identité sexuelle masculine

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Définitions :

  • Gay, pédé, transpédégouine, allosexuel, altersexuel (source : fr.wiktionary)

Queer est , à la base, un mot anglais signifiant «étrange», «peu commun», fréquemment utilisé comme injure envers des individus gays, lesbiennes, transsexuels… Par ironie et provocation, il fut récupéré et revendiqué par des militants et intellectuels gays, transsexuels, bisexuels, adeptes du BDSM, fétichistes, travestis et transgenres à partir des années 1980, selon le même phénomène d'appropriation du stigmate que lors de la création du mot négritude.

En France, si le terme queer est surtout connu du fait de séries télévisées présentant les gays comme des gens branchés, il n'en reste pas moins qu'il sert avant tout de point de ralliement pour ceux qui - hétérosexuels compris - ne se reconnaissent pas dans l'hétérosexisme de la société, et cherchent à redéfinir les questions de genre (Gender Studies). Depuis les années 2000, les mots allosexuel, altersexuel et transpédégouine forment des tentatives de traduction en français.

No gender, No Master, Activiste anarcho-queer en lutte contre l'oppression patriarcale et sexiste

Les origines du mouvement queer sont multiples. Le mouvement gay et lesbien, semblant peut-être plus proche des queers, n'a apporté ni les antécédents théoriques ni le modèle d'un engagement politique. Il est envisageable de dire que le mouvement queer vient de la théorie queer, et celle-ci est l'héritière du féminisme.

En 1969, dans un bar nommé Stonewall Inn à New York, des émeutes ont éclaté, réponse de la clientèle gay et lesbienne à leur arrestation par la police. La cause de cette arrestation manquée était une loi qui interdisait le port des vêtements masculins par une personne du sexe féminin ou de vêtements féminins par une personne masculine. Ces émeutes, dont l'anniversaire se célèbre chaque année sous le nom de Gay Pride (aujourd'hui nommée la Pride ou la Marche des fiertés), marquent l'apparition du mouvement lesbien, gay, bi et trans (LGBT).

Un des buts prioritaires de ce nouveau mouvement concernait la suppression de l'homosexualité, la bisexualité et la transexualité, comme maladie du Manuel Diagnostic et Statistique des troubles mentaux (DSM), qui apporte la nosologie définitive de l'Association américaine de psychiatrie (APA). La question du statut médical dominait l'identité homosexuelle depuis le XIXe siècle, et a été l'élément décisif dans la conception de l'homosexualité comme catégorie. Cependant la honte de l'homosexualité travaillait toujours au sein de cette identité. Avec l'élimination de la classification officielle de perversion par l'APA, le «coming out», qui consiste à révéler sa propre homosexualité (à ne pas confondre avec l'outing qui lui consiste à révéler l'homosexualité d'une autre personne) est devenu l'un des traits prépondérants de la nouvelle homosexualité. La pratique de faire son coming out forme une revendication identitaire.

Avec la prédominance du coming out et par conséquent la présence reconnaissable des homosexuels, l'homosexualité est devenue une identité basée tout autant (voire plus) sur la discursivité et le comportement que sur la pratique des actes homosexuels.

Une autre différence entre ces mouvements et le mouvement LGBT est qu'il n'a pas eu de précédent au XIXe siècle. Il était par conséquent indispensable pour les militants gays et lesbiennes de choisir un modèle pour leur nouveau mouvement, et le succès récent des militants noirs a été particulièrement convaincant.

Même si les queers sont généralement plus proches des gays et lesbiennes que des féministes, les racines idéologiques de la théorie queer se trouvent bien dans le féminisme américain des années 1980. Avant cette date, le féminisme, comme d'autres mouvements identiques, espérait que le progrès social viendrait par un changement de législation. Les arguments pour le passage de législations progressistes ont perpétuellement fait la comparaison entre le groupe minoritaire en question et le citoyen universel, c'est-à-dire l'homme riche et blanc. Quelle que soit la raison, plusieurs mouvements ont commencé après les années 1970 à contester cette image du citoyen universel, ainsi qu'à valoriser leur propre agency (ce mot résiste à une traduction facile et s'emploie fréquemment en principe queer. Plus fréquemment il reste non-traduit, ou se traduit par «la capacité ou la possibilité d'agir» comme sujet). Cette tendance (notablement postmoderniste) a génèré une rupture plus grande toujours entre l'homme et la femme, et a essentialisé ce qui formait le féminin. Cette tendance se montre en particulier dans The Feminine Mystique de Betty Friedan, chef de l'Organisation nationale des femmes (NOW), qui a été d'ailleurs critiqué parce qu'il ignorait toute la population des femmes qui n'étaient pas blanches ou d'une classe sociale aisée.

Cette vague de féminisme se situait par conséquent dans la notion de la différence : soit la différence entre les hommes et les femmes, soit la conceptualisation du sujet et de l'objet de plusieurs phénomènes sociaux (le discours, l'art, le mariage, ... ). Néenmoins ce mouvement radical de la seconde vague du féminisme a été troublé par deux phénomènes idéologiques, et l'ensemble des deux s'articulaient aux questions de sexualité et de genre.

Le premier concernait les «Sex Wars, » qui divisaient les théoriciennes et militantes féministes sur le rôle de la pornographie dans l'oppression des femmes.

L'autre fêlure, la «Lavender Menace», concernait la présence de lesbiennes dans les rangs de féministes. Comme les ennemis du féminisme utilisaient (et utilisent toujours) fréquemment le «lesbian baiting» (le harcèlement (homophobique) des féministes, qui essayait de diminuer ce qu'elles disaient en les accusant d'être des lesbiennes) contre les arguments féministes, une grand partie de militantes montraient leur propre homophobie en hésitant à avouer que quelques-unes parmi elles étaient bien des lesbiennes. Les lesbiennes de la «Lavender Menace» constataient qu'elles étaient plus féministes grâce à leur distance des hommes, alors que les féministes hétérosexuelles récusaient cet argument, disant que les rôles butch et femme des lesbiennes ne font que singer le mariage hétérosexuel.

L'homophobie prévalente de la seconde vague, sa concentration sur les pratiques sexuelles, et en particulier la division qu'elle génèrait, ont fait naître la théorie queer au début des années 1990.

Bien que n'ayant aucun lien avec la théorie Queer, une émission diffusée par TF1 portait ce nom (Queer, cinq experts dans le vent). Un groupe de jeunes hommes, experts dans divers domaines (gastronomie, décoration, mode, etc. ) transformait la vie présentée comme triste de certains Français. L'émission était l'adaptation de l'émission américaine Queer Eye For the Straight Guy.

En anglais
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    • Psychic Life of Power : Theories of Subjection. Stanford : Stanford UP, 1997.
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  • Anne Fausto-Sterling, Myths of Gender. New York : Basic Books, 1992.
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  • Javier Sáez, Théorie queer et psychanalyse, Paris, EPEL, 2005.
  • Patrick Cardon, La recette du Queer ou la machine à (dé) construire les identités (kaléidoscope) , La Ligne d'ombre, numéro 2, mai 2007
  • Judith Butler, Le Pouvoir des mots - Politique du performatif [Excitable Speech : A Politics of the Performative], trad. Charlotte Nordmann, Paris, Editions Amsterdam, 2004.
    • Humain, inhumain - Le travail critique des normes - Entretiens, trad. Jérôme Vidal et Christine Vivier, Paris, Editions Amsterdam, 2005.
    • Antigone : la parenté entre vie et mort, EPEL 2003 / 96 p. /
    • Défaire le genre [Undoing Gender], trad. Maxime Cervulle, Paris, Editions Amsterdam, 2006.
  • Gayle Rubin / Judith Butler, Marché au sexe, EPEL 2002
  • Pat Califia, Le mouvement transgenre - Changer de sexe, EPEL 2003
  • Michèle Causse, Contre le sexage, Balland, 2000.
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  • Michel Foucault, Histoire de la sexualité, I, II, III. Gallimard. Paris. 1984.
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  • David M. Halperin, Saint Foucault, EPEL 2000
  • David Halperin, Oublier Foucault : mode d'emploi, EPEL 2004
  • Monique Wittig, La Pensée straight (The Straight Mind and Other Essays, Boston, Beacon Press, 1992), Paris, Balland «modernes», 2001 (réédition à paraître en 2007 chez Editions Amsterdam).
  • Association ZOO (Marie-Hélène Bourcier (dir. ) ), Q comme Queer : les séminaires Q de 1996, 1997, GKC, 1998.
  • Craig O'Hara, La Philosophie du Punk [1], Rytrut, 2003, ISBN 2-9520083-0-2
  • E. K. Sedgwick, Épistémologie du placard, Editions Amsterdam, 2008 à paraître ISBN 2354800037
  • Michel Dorais, "Eloge de la diversité sexuelle", Editeur Vlb, 1999, ISBN 978-2890057159
  • Michæl Lucey, Les ratés de la famille. Balzac et les formes sociales de la sexualité, traduit par Didier Eribon, éditions Fayard, 2008. Un des exemples marquants de queer studies.

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