Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un texte juridique français, strict la pleine assimilation légale, politique...



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Droit des femmes - Féminisme - Événement de la Révolution française - Texte juridique édictant des libertés fondamentales - Mémoire du monde - XVIIIe siècle - 1791

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un texte juridique français, strict la pleine assimilation légale, politique et sociale des femmes, rédigé en septembre 1791, par l'écrivaine Olympe de Gouges sur le modèle de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen proclamée le 26 août 1789, et publié dans la brochure les Droits de la femme, adressée à la reine[1], [2]. Premier document à évoquer l'égalité juridique et légale des femmes comparé aux hommes, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne a été rédigée afin d'être présentée à l'Assemblée nationale le 28 octobre 1791 pour y être adoptée.

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne forme un pastiche critique de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, qui énumère des droits ne s'appliquant qu'aux hommes, alors les femmes ne disposaient pas du droit de vote, de l'accès aux institutions publiques, aux libertés professionnelles, aux droits de propriété, etc. L'auteur y défend, non sans ironie à l'égard des préjugés masculins, la cause des femmes, écrivant mais aussi «la femme naît libre et demeure égale en droits à l'homme». Ainsi se voyait dénoncé le fait que la Révolution oubliait les femmes dans son projet de liberté et d'égalité.

Origines

L'évolution du concept de droits humains s'est effectué conformément avec l'âge des Lumières ainsi qu'aux événements qu'il a connu. Quoique cette notion ait été lancée pour la première fois en 1776 dans la Déclaration des Droits de la Virginie puis à la Révolution dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (1789), aucun de ces documents ne prend en considération les femmes.

Analyse

Olympe de Gouges (1748-1793), rédactrice de la Déclaration

S'inspirant étroitement de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne se compose aussi d'un préambule (adressé à Marie-Antoinette) et de 17 articles, mais avec un prélude et un postambule. Il ne s'agit pas simplement d'un contre-projet pour les femmes. Il est clair que la nation est constituée par les deux sexes en commun (art. III). Dans nombre de lieux, Olympe de Gouges a remplacé «l'homme» par «la femme et l'homme», de manière à rendre claire la concordance entre les deux sexes. L'article VII décrit résolument qu'il n'y a pas de droits spéciaux pour les femmes : «Nulle femme n'est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la Loi.»

Tandis que, dans les articles I et II, les revendications correspondent beaucoup conformément à la liberté, l'égalité, la sécurité, le droit à la propriété et le droit de résister à l'oppression, la notion de liberté chez de Gouges se différencie de la définition antinomique de 1789 («La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui»). L'article IV stipule en effet que «La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui». Ainsi, la liberté est liée à la justice et les femmes veulent moins un accroissement de leurs libertés que les droits naturels qui leur échoient à l'apparition.

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne dévie aussi énormément de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, comme dans l'article XI où la liberté de pensée et d'opinion doit particulièrement permettre, selon de Gouges, aux mères de «dire librement, je suis mère d'un enfant qui vous appartient, sans qu'un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité»[3].

Un principe de base de Gouges est que l'identité des devoirs doit entraîner celle des droits (comme, par exemple, l'imposition) (art. XIII à XV). Olympe réclamait un traitement égalitaire envers les femmes dans l'ensemble des domaines de la vie, tant publics comme privés : droit au vote ainsi qu'à la propriété privée, pouvoir prendre part l'éducation ainsi qu'à l'armée, et exercer des charges publiques, en arrivant même à demander l'égalité de pouvoir dans la famille et dans l'Église. La phrase la plus célèbre de sa Déclaration est : «La Femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir aussi celui de monter à la Tribune» (art. X)

Il apparaît cependant qu'Olympe de Gouges ne croyait pas en l'égalité des femmes et des hommes. À la différence de la majorité des théories sur l'égalité, elle pensait que la nature masculine et la nature féminine étaient différentes, et que celle des femmes était supérieure. Cette conviction de deux natures différentes est évidente dans le texte qui précède la déclaration.

Les hommes qui dirigeaient la Révolution étaient, à de rares exceptions, même pour les plus radicaux d'entre ceux, loin de partager cette approche féministe. Son opposition à la peine de mort, son soutien affiché aux Girondins après leur chute, entre autres, lui vaudront d'être arrêtée et guillotinée le 3 novembre 1793.

Postérité

Cette Déclaration est sans valeur légale car ce projet fut refusé par la Convention à laquelle elle avait été proposée et resta à l'état de projet. D'une part, elle n'a paru qu'en cinq exemplaires et a été politiquement totalement ignorée alors que, de l'autre, il a été dit que «la Déclaration a fait sensation dans toute la France, et même à l'étranger.» Il faut attendre 1840 pour que quelques extraits de cette Déclaration soit publiée, et l'intégralité du texte ne l'a été qu'en 1986, par Benoîte Groult [4].

Portée

L'importance historique de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne réside dans son statut de première déclaration universelle des droits humains qui élève une exigence universellement valable à la fois pour les hommes et les femmes. De cette façon, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 qui n'avait été arrêtée que pour une moitié de l'humanité, sans avoir été légitimée par l'autre moitié, se trouvait, en réalité, dépassée tandis qu'elle continue à être transmise, dans la conscience historique moderne, comme la base des droits de l'homme. La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne forme, par conséquent, un brillant plaidoyer radical en faveur des revendications féminines et une proclamation authentique de l'universalisation des droits humains.

Notes

  1. Les droits de la femme, 1791, 24 pages. Voir le texte disponible sur Gallica
  2. Maxime Fœrster, La différence des sexes à l'épreuve de la République, Paris, L'Harmattan, 2003, 126 pages, p.  23 (ISBN 2747554112) .
  3. Cette considération était, sur le plan personnel, extrêmement importante pour Olympe de Gouges qui était certainement la fille naturelle de l'homme de lettres Lefranc de Pompignan.
  4. Nicole Pellegrin, Les disparues de l'histoire, Le Monde diplomatique, novembre 2008.

Bibliographie

Édition moderne

Références

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