Interruption volontaire de grossesse en France

L'interruption volontaire de grossesse ou IVG, sert à désigner un avortement génèré. On emploie le plus souvent cette expression pour désigner un acte effectué à la demande d'une femme non désireuse de sa grossesse.



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L'interruption volontaire de grossesse ou IVG, sert à désigner un avortement génèré. On emploie le plus souvent cette expression pour désigner un acte effectué à la demande d'une femme non désireuse de sa grossesse.

Quand l'intervention est motivée par des raisons médicales, que la poursuite de la grossesse soit dangereuse pour la mère ou que l'embryon soit atteint de malformations graves et incurables, on parle d'interruption médicale de grossesse (IMG) ou d'interruption thérapeutique de grossesse (ITG).

En France, cet acte médical est autorisé sous certaines conditions.

Aspect sociologique et anthropologique

Luc Boltanski[1] note que, quoique l'avortement soit presque toujours réprouvé, l'ensemble des sociétés ont développé et pratiquent des techniques abortives, le plus fréquemment en secret. L'avortement, préférentiellement à l'infanticide, apparaît en effet quelquefois comme une réponse "simple" ou "décente" à des grossesses hors mariage ou non désirées pour d'autres motifs.

L'Union soviétique fut l'un des premiers États modernes à reconnaître légalement le droit à l'IVG (en 1920) - durant une période limitée cependant, Staline ayant en 1936 supprimé ce droit issu de la Révolution.

Statistiques

Le nombre total d'avortements dans le monde a été estimée à 43 millions en 2003, soit un taux de 29 pour 1000 femmes en âge de procréer. Il est le plus bas en Europe (17 pour 1000), légèrement plus haut en Amérique du nord (21 pour 1000). Il y a globalement 31 avortements pour 100 naissances[2]. Près de la moitié sont faits en dehors de structures adaptées, soit un nombre de 20 millions chaque année dans les pays en voie de développement, conduisant à près d'un million d'accidents et 68 000 décès. Ces chiffres sont certainement sous-estimés[3].

Évolution du devenir des grossesses en France (hors fausse-couche précoce) entre 1965 et 2005.
Légende :      IVG clandestine (estimation haute)      IVG clandestine (estimation basse)      IVG déclarée      Fausse couche tardive (> 20 semaines)      Naissance

En France, chaque année il y a plus à peu près 200 000 interruptions volontaires de grossesse, soit 14 pour mille femmes de 15 à 49 ans. Dans les années 75-85 l'ordre de grandeur du taux d'IVG par naissance était de l'ordre de 33%, mais il a chuté depuis et se rapproche lentement de 25% dans les années 2000. Après le pic de 1982 la tendance est à une baisse régulière. L'avortement clandestin est resté un phénomène significatif jusqu'en 1995, où il a commencé à régresser. Ce n'est qu'en 2003 que ces cas, jugés marginaux, ont disparu des statistiques officielles. [4]

Le nombre d'avortements n'a pas baissé en France depuis 30 ans : malgré la diffusion massive de la contraception médicale (pilule et stérilet), le recours à l'IVG est resté étonnamment stable depuis 1975. On estime que près de 40% des femmes y auront recours dans leur vie. Cette stabilité globale semble, cependant, masquer une hausse des taux chez les moins de 25 ans[5].

En France, l'interruption volontaire de grossesse n'a pas entraîné de baisse de natalité. La baisse de la natalité française est l'effet de la révolution sexuelle consécutive à la fin des années 1960 : libéralisation des mœurs et généralisation de la contraception. Elle précède de quelques années la dépénalisation de l'avortement de 1975 (loi Veil).

Droit français

En France, l'avortement a longtemps été pénalisé, passible des travaux forcés à perpétuité, ou alors de la peine de mort (Marie-Louise Giraud, dite «la faiseuse d'anges», avorteuse au cours de la guerre, a été guillotinée le 30 juillet 1943).

La dépénalisation de l'avortement et l'encadrement légal de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) se firent en 1975, à l'époque où Simone Veil était ministre de la Santé du Gouvernement Chirac sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. La majorité de la droite a voté contre le projet de loi, mais le soutien de la gauche à la proposition de Simone Veil lui permet d'obtenir la majorité. Les personnes ayant poussé au vote de cette loi comprennent des francs-maçons. En effet, l'un des inspirateurs de ce texte, le docteur Pierre Simon, co-fondateur du planning familial était un franc-maçon influent. [6] Effectivement, Pierre Simon était Grand Maître de la Grande Loge De France [7]. Son rapporteur, Henri Caillavet, occupait, lui, une place importante au Grand Orient De France. Le ministre de la santé, Michel Poniatowski, franc-maçon lui aussi, a apporté son soutien à cette initiative politique. [8]

Cette décision arrivait après un mouvement mené dans les débuts des années 1970 par les mouvements féministes, qui se fondaient sur plusieurs arguments :

En 1972, le procès de Bobigny, où fut jugée une jeune fille mineure qui avait avorté après un viol, devient un procès politique autour de l'avortement, qui suscite de larges débats et aboutit à l'acquittement de la prévenue.

La loi n° 75-17, du 17 janvier 1975, relative à l'interruption volontaire de grossesse (JO, 18 janvier 1975, p. 739) posa deux formes d'interruption de grossesse (avant la fin de la dixième semaine et thérapeutique) [9]. Elle fut adoptée à titre expérimental, mais la loi n° 79-1204, du 31 décembre 1979, relative à l'interruption volontaire de grossesse (JO, 1er janvier 1980, p. 3) la confirma.

La dernière tentative pour limiter l'impact de cette loi sur l'avortement échoua devant le conseil d'État le 31 octobre 1980[10]. Mme Lahache avait subi un avortement sans en informer son mari. Ce dernier avait attaqué devant le Conseil d'Etat l'administration hospitalière qui l'avait pratiqué, estimant que son avis était requis pour autoriser cet acte, d'autant que sa femme n'était pas, selon lui, dans une situation de détresse. Le Conseil d'État a statué comme suit : «les articles L162-1 à L162-11 du code de la santé publique autorisent toute femme enceinte qui s'estime positionnée par son état dans une situation de détresse et qui s'est soumise aux consultations prévues par certains de ces articles d'obtenir l'interruption de la grossesse avant la fin de la 10e semaine. Si, selon le dernier alinéa de l'article L162-4, "chaque fois que cela est envisageable, le couple participe à la consultation ainsi qu'à la décision à prendre", il ressort de ce texte, éclairé par les travaux préparatoires de la loi, que cette disposition, qui présente un caractère purement facultatif, n'a ni pour objet, ni pour effet de priver la femme majeure du droit d'apprécier elle-même si sa situation justifie l'interruption de sa grossesse.»

L'avortement est remboursé par la Sécurité sociale depuis la loi du 31 décembre 1982. La période légale durant laquelle une femme peut pratiquer de sa seule volonté une interruption de grossesse avait été originellement fixée aux dix premières semaines de grossesse, soit douze semaines d'aménorrhée. La loi n° 2001-588, du 4 juillet 2001, relative à l'interruption volontaire de grossesse ainsi qu'à la contraception (JO, 7 juillet 2001, p. 10823) allongea la période de dix à douze semaines de grossesse. Par contre, l'avortement pour motif thérapeutique peut être pratiqué au-delà du délai des douze premières semaines et ce jusqu'au dernier moment de la gestation. Une période d'une semaine de réflexion, qui peut être raccourcie à 2 jours si elle place la femme hors des délais légaux d'avortement, est respectée entre le premier rendez-vous où la femme a exprimé son souhait de pratiquer un IVG et le jour de l'IVG.

Jusqu'à la promulgation du nouveau Code pénal en 1992, le droit français connaissait l'infraction d'avortement. Ainsi, jusqu'à cette date, l'interruption légale de grossesse était comprise juridiquement comme une dérogation à un délit. La loi de 1975 n'avait que créé un fait justificatif qui permettait d'éviter les poursuites pénales. Désormais, l'interruption volontaire de grossesse est défendue comme un droit (cf. l'exposé des motifs de la loi du 4 juillet 2001), voire une liberté pour la femme dans la limite des douze premières semaines de gestation (12 semaines de grossesse, soit 14 semaines d'aménorrhée[11]) [12]. À l'appui de cette analyse, on relève souvent que le nouveau Code pénal et le Code de la santé publique posent une série d'infractions qui ont pour finalité la protection de l'avortement légalement organisé. Cependant, la législation maintient le principe que l'avortement n'est ouvert qu'à la femme enceinte qui estime que son état place dans une situation de détresse. Sont prohibées les interruptions de grossesse pratiquées sans le consentement de l'intéressée, les interruptions de grossesse pratiquées en violation des règles posées par le Code de la santé publique.

La loi n° 93-121, du 27 janvier 1993, portant diverses mesures d'ordre social (JO, 30 janvier 1993, p. 1576), a introduit dans le Code de la santé publique l'infraction d'entrave aux opérations d'interruption de grossesse.

La loi du 2 juillet 2004 a autorisé l'utilisation du RU 486 pour un avortement médicamenteux chez le médecin de ville.

Depuis 1994, l'interruption thérapeutique après 12 semaines nécessite l'autorisation des centres de diagnostic pluridisciplinaires qui ont compétence pour décider quelles maladies la justifient ou non.

Le Serment d'Hippocrate, prêté par tout médecin, interdit l'avortement ("je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif") et dut pour cette raison être réformé en 1996, dans une version particulièrement française.

Chronologie du droit à la contraception ainsi qu'à l'avortement en France

Notes et références

  1. Luc Boltanski, La condition fœtale : Une sociologie de l'avortement et de l'engendrement, Gallimard ; broché ; essai, 2004
  2. Sedgh G, Henshaw S, Singh S, Åhman E, Shah IH, Induced abortion : estimated rates and trends worldwide, Lancet, 2007; 370 :1338-1345
  3. (en) Grimes DA, Benson J, Singh S et Als. Unsafe abortion : the preventable pandemic, Lancet, 2006;368 :1908-1919
  4. Données FECONDITE. htm#a01 INSEE pour les données de natalité et de naissance mort-nées, chiffres/france/avortements contraception/avortements/ INED pour les statistiques d'avortement à partir de 1995, estimations selon Chantal BLAYO, " L'évolution du recours à l'avortement en France depuis 1976 ", in Population, 3, 1995, pages 779 à 810 (voir le tableau dans publication/1077/publi pdf1 84. pdf publication INED, p. 116) pour les périodes antérieures. Voir aussi pour les estimations antérieures à 1975 (haute et basse)  : INED, Cahier n°117. "La seconde révolution contraceptive. La régulation des naissances en France de 1950 à 1985. " 1987.
  5. (fr) INED Numéro 407. Pourquoi le nombre d'avortements n'a-t-il pas baissé en France depuis 30 ans ?
  6. (fr) http ://www. jlturbet. net/article-11356920. html Dans "De la vie avant toute choses", Pierre Simon raconte, en 1979, tandis qu'il était Grand Maître de la Grande Loge de France, la stratégie de légalisation de l'avortement en France.
  7. (fr) http ://www. gldf. org/content/view/268/90/lang, fr/. Pierre Simon Grand Maître
  8. (fr) http ://www. quid. fr/2007/Franc_Maconnerie/Obediences_Francaises_Actuelles/1 les ministres Franc-maçons
  9. http ://www. assemblee-nationale. fr/histoire/interruption/simone_veil_tribune-1. asp Discours de Simone Veil à l'Assemblée nationale (première séance du 26 novembre 1974).
  10. Arrêt Lahache : Conseil d'Etat, 31 octobre 1980, n° 13028, http ://www. rajf. org/article. php3?id_article=1134.
  11. revue prescrire n°280 fév2007 p134-136
  12. les semaines d'aménorrhée sont comptées à partir du 1er jour des dernières règles ; on retranche le plus souvent deux semaines pour avoir une estimation en semaine de grossesse
  13. WebDoc IEP : Texte intégral de la loi Veil de 1975

Pour en savoir plus

Bibliographie indicative

Sites internet

Dossiers sociologiques officiels
Dossiers juridiques officiels

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